Un nouveau projet de réédition

Le Livre des Merveilles et autres récits de voyages et de textes sur l’Orient

Feuillet No. 1 du « Livre des Merveilles »

Après la réédition en 2022 en coffret bibliophile, de la relation de « l’Ambassade des Provinces-Unies vers l’Empereur de Chine ou Grand Kam de Tartarie » de Johan Neuhof (publié à Leyde en 1665), la Société d’Histoire des Français de Chine vous propose un nouveau projet ambitieux avec l’édition du «Livre des merveilles et autres récits de voyages et de textes sur l’Orient ».

Il s’agit d’un recueil de récits de voyageurs vers l’Orient datant des XIIIème et XIVème siècles et dont le plus fameux est sans nul doute le Livre des Merveilles ou Devisement du Monde de Marco Polo.

Après une présentation succincte du manuscrit, nous évoquerons les défis à relever d’ordres technique (nous sommes en présence d’un manuscrit écrit en ancien français avec une calligraphie difficilement lisible), légal et financier.

Présentation de l’ouvrage

Le Livre des merveilles est un manuscrit richement enluminé réalisé en France vers 1410-1412. Il s’agit d’un recueil de plusieurs textes évoquant l’Orient et la pénétration des Européens dans les terres d’Asie, réunis et peints à l’attention de Jean 1er duc de Bourgogne, dit Jean sans Peur (1371-1419), dont on imagine sans peine l’émotion et l’émerveillement lorsqu’il eut en mains le manuscrit, qui devait devenir un jour la cote 2810 du département des manuscrits – français – de la Bibliothèque nationale de France. Outre le Livre des Merveilles de Marco Polo, il comprend des textes d’Odoric de Pordenone, Jean de Mandeville, Ricoldo da Monte Croce et d’autres textes traduits du latin par le moine Jean le Long.

 

Marco Polo, Le Livre des merveilles

Le manuscrit contient la version française du Livre des merveilles ou Devisement du Monde, rédigée autour de 1310-1311, (l’original ayant été dicté par Marco Polo à Rusticien de Pise en 1299 dans un français très empreint d’italianismes).

Odoric de Pordenone, Itinerarium de mirabilibus orientalium Tartarorum

La traduction en français qu’en fit Jean le Long nous a été transmise par six manuscrits. Ce récit en partie véridique, en partie légendaire, de son voyage à travers la Perse, l’Inde et la Chine fut dicté par Odoric de Pordenone, moine franciscain, à son confrère Guillaume de Solagna, au mois de mai 1330. « Cy commence le Livre frere Audric de l’ordre des freres meneurs (titre à l’encre bleue) ». « Cy commence le Chemin de la peregrinacion et du voyaige que fist un bon homme de l’ordre des freres meneurs nommé frere Odric de Fore Julii …-… Et fu ce livre fait en latin par ce frere devant nommé en l’an de grace mil .CCC. .XXX., parfais le .XIIII.e jour de janvier. Et fu cilz livres translatez de latin en françois par frere Bean (sic) Le Lonc dit et né d’Yppre, moisne de Saint Bertin en Saint Aumer, en l’an de grace .M. .CCC. .LI. (rubr.) ». « Comment que on racompte pluseurs choses des condicions et de l’estat de ce monde, si ne vueil je en ce livre mettre chose pour verité, fors ce que je ay veu …-… Trestous les Sarrazins qui m’en virent venir et ceulx qui sceurent que je y avoie esté me firent moult grant reverence, et dirent que je estoie baptissié et sains homs. Mais tout cil qui là estoient demouré (a exponctué) estoient tout deable d’enfer »…

Jean de Mandeville, Voyages

Traité systématique sur les pays du monde en 34 chapitres, le texte, précédé d’un prologue, se divise en deux ensembles, le premier étant une description de la Terre sainte et de l’Égypte s’achevant par un récit de la vie de Mahomet, le second étant consacré à l’Asie, aux îles de l’océan Indien et à une partie de l’Afrique (cf. Deluz, Jean de Mandeville, Le Livre des merveilles du monde).

Hayton, Fleur des estoires de la terre d’Orient

Hayton, (frère Héthoum, seigneur de Korykos, cousin germain du roi d’Arménie).  Envoyé en France pour inciter le pape Clément V à lancer une nouvelle croisade, le prince arménien Hayton (1230/1245-1314/1315), de l’ordre des Prémontrés acheva le texte de la Fleur des estoires de la terre d’Orient en 1307. L’œuvre fut traduite peu après, sans doute par Nicolas Falcone. Le quatrième livre, rédigé directement en latin, a ensuite été retraduit en français et rattaché à la version française des trois premiers.

Les défis

A. La difficulté de… lecture

En effet, les textes sont rédigés en ancien français des XIIIe et XIVe siècles, ce qui ne pose pas de problème majeur eu égard à la compréhension, mais c’est au niveau de la calligraphie, qui est en partie en rotunda, en partie en écriture anguleuse proche de la bâtarde, que sans un apprentissage même rudimentaire, le déchiffrage est ardu…

B. Technique

Le manuscrit a reçu une décoration luxueuse et comprend 265 peintures. Sept grandes miniatures introduisent chacune des unités du volume. Nous privilégions cette fois encore une reliure chinoise dite à « la ficelle », utilisée pour la précédente réédition, à quatre piqures simples, basée sur une technique développée sous la dynastie Ming. Le papier utilisé est un « papier de riz » ou papier Shuen de couleur paille, disposé en pages imprimées sur une seule face et pliées en deux feuilles. Elle est constituée d’une fine couche cartonnée couverte de soie à motif de dragons (ou phénix). Partition en quatre livrets (à confirmer) pour un total de 600 pages. Les livrets seront contenus dans un élégant coffret pourvu de griffes de fermetures (autrefois faites d’ivoire). (Précédent concluant avec l’Ambassade de Neuhof).

C. Aspects légaux et financiers

La BnF a accepté de nous céder à prix coûtant des fichiers en haute définition, car ceux qui sont en consultation gratuite sur Gallica n’offrent pas une définition suffisante pour nous permettre de reproduire avec précision la beauté de la calligraphie et des enluminures. Au prix de 500 RMB l’exemplaire, nous avons besoin d’au moins 200 commandes pour rentrer dans nos frais.

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