La France dans l’ombre des Douanes chinoises
Durant la révolte des Taiping (1851-1864), les triades shanghaïennes, originaires du Guangdong et du Fujian, renversèrent à la fois l’autorité civile locale et la douane de Shanghaï. Les consuls des trois puissances en présence, la France, l’Angleterre et les États-Unis, gênés de cette situation, décidèrent d’établir une nouvelle douane sous la surveillance d’inspecteurs originaires de leurs pays respectifs, ce qui marqua de fait la naissance de la douane chinoise moderne. Le système douanier établi à Shanghai fut en effet adopté, un peu plus tard, par la cour mandchoue et étendu à l’Empire à travers les ports ouverts au commerce étranger (Traité de Tianjin, 1858). Mais pourquoi la France, qui fut pourtant l’un des membres fondateurs de la nouvelle douane en 1854, accepta-t-elle en 1861 une douane chinoise sous contrôle anglais ? Quelles causes, quels événements amenèrent la France à perdre alors son influence au sein d’une organisation d’importance stratégique ? Posant ces questions, la conférence nous ramènera au début de l’expansion française en Chine, entre les premières et seconde Guerres de l’Opium (1839-1842 et 1856-1860) ; elle dévoilera le caractère ambigu de la relation anglo-française en Extrême-Orient, faite de coopération et de concurrence, et présentera enfin une nouvelle interprétation du rôle de diplomatie impériale française en Chine.

Né à Shanghai, Ding Yijun est docteur en histoire. Sa thèse de doctorat, effectuée à l’Université Jiaotong de Shanghaï, portait sur a représentation du corps chinois dans les textes français du dix-neuvième siècle. Il est désormais chercheur postdoctoral au sein du département d’histoire de l’Université Normale de Shanghai. Dans ce cadre, il s’intéresse particulièrement à l’histoire de sa ville natale et aux archives diplomatiques françaises. Également luthiste, il pratique la musique chinoise traditionnelle du Jiangnan, en particulier le pingtan de Suzhou.