Chine : l’empire des langues

VOYAGE AU CŒUR DES DIFFÉRENTES LANGUES CHINOISES

Par Frederic Ture

La Chine est souvent representée et perçue comme un monolythe : vaste, vénérable et, surtout, homogène. La réalité est autre, même si depuis plus d’un siècle l’État central pousse à la normalisation. La langue chinoise est le miroir de cette réalité complexe : il n’y a pas une langue chinoise, mais des langues chinoises. S’il y a une langue chinoise “ancêtre et mère originelle” commune, l’histoire et la géographie de la Chine ont conduit à la naissance et à l’épanouissement d’une multitude de chinois (au pluriel) au sein du pays, mais aussi au-delà de ses frontières historiques.
Ces langues sont le témoin du passé riche et tumultueux des communautés qui les parlent. Elles sont une fenêtre donnant vue sur le passé de la Chine, de sa richesse et diversité culturelle et de son influence dans le monde.

Frederic Ture – Entrepreneur et dirigeant d’entreprise dans le secteur du luxe, Frederic vit en Chine depuis plus de 20 ans. De par sa profession et ses centres d’intérêt, il a pu sillonner la Chine (30 provinces et plus de 120 villes visitées) et a eu le privilège d’être le témoin des changements colossaux de ce vaste pays depuis le début du siècle.
De parents Français et Chinois. Frederic se passionne pour les langues, l’histoire et la culture. Bilingue en cantonais, mandarin et courant en japonais, il est photographe amateur et voyageur à ses heures perdues.

Le sanctuaire marial de Sheshan

fleuron des Jésuites français à Shanghai

Moins connus que Xujiahui et Tushanwan, la basilique et l’observatoire au sommet de la colline de Sheshan appartiennent également au patrimoine jésuite majeur de Shanghai. La conférence retrace les étapes de la conquête de la colline bouddhique par les missionnaires catholiques qui y substituèrent un pèlerinage marial au culte séculaire de Guanyin. Chaque étape s’accompagne de constructions : un petit oratoire érigé au sommet en 1867, remplacé par une première église dès 1871-1873, puis par la grande église actuelle en 1922-1936, élevée au rang de basilique mineure en 1942. Le premier observatoire astronomique moderne de Chine couronne en 1899-1901 le sommet de la colline d’un pôle scientifique cher aux Jésuites. Des missionnaires architectes et les frères charpentiers français, belge, portugais et allemand œuvrèrent à Sheshan. Outre les aspects architecturaux, la conférence évoque également le déroulement d’un pèlerinage sur le flanc sud de la colline, ses interactions sociales et économiques avec Shanghai, et son évolution locale (Songjiang), régionale (Jiangnan) et nationale (Chine) en moins de trois générations.

Thomas Coomans, professeur à l’Université de Louvain (Belgique), enseigne l’histoire de l’architecture et la conservation du patrimoine bâti. Ses recherches portent notamment sur les églises bâties en Chine (1840-1950) et aux transferts architecturaux entre Europe et Chine. Son dernier livre consacré à Sheshan à Shanghai paraît en juin aux Presses universitaires de Tongji.

Le voyage archéologique et poétique de Segalen

« Je distingue un cheval de pierre et je lance le mien à ses trousses » (Lettres de Chine) : en Chine, Victor Segalen (1878-1919) chasse des chevaux en pierre et des lions sculptes
Témoin de la disparition de l’Empire de Chine en 1911, Segalen – poète, archéologue et médecin de la marine tout à la fois – se plonge dans un voyage dans le temps en effectuant plusieurs expéditions archéologiques. Sa prédilection notamment : les monuments funéraires des animaux fantastiques gardant des tombeaux d’empereurs. Quand ceux-ci n’existent plus seuls, ils tiennent debout, en pleine campagne, traversant de longs siècles. Pour Segalen, ils sont moins vestiges de l’histoire que l’immortalité même de l’art, mieux, ce sont des licornes qui lui ouvrent une voie singulière dans un autre voyage : celui de la création poétique.

HUANG Bei est professeure de littérature comparée à I’Université Fudan. Elle a traduit en chinois, entre autres, Peintures et Essai sur l’exotisme de Victor Segalen. Elle a publié Segalen et Claudel. Un dialogue à travers la peinture extreme-orientale (Presses universitaires de Rennes, 2007) et édité avec Philippe Postel le numéro 3 des Cahiers Victor Segalen, intitulé Lectures chinoises de Victor Segalen (Honoré Champion, 2017).

Aux origines de la Chambre de Commerce française en Chine

Par Hugues Martin et David Maurizot

En 1916, sous l’impulsion des plus grandes maisons de commerce françaises de « Changhai », naissait la Chambre de Commerce française en Chine. Comment fonctionnait la Chambre d’alors ? Quelles en ont été les figures marquantes dans les années 20 et 30 ? Que faisaient en Chine les entreprises françaises de l’époque ?
Avec la digitalisation récente d’une partie des archives de la Chambre de Commerce et via d’autres sources, David Maurizot et Hugues Martin vous propose de voyager dans le temps. Il était une fois… le monde français des affaires.

Hugues Martin est un des partenaires d’EXPATRIMO, une société de conseil en investissement en France pour les Français en Asie. Il est installé à Shanghai depuis 19 ans. Passionné d’architecture, d’urbanisme et d’histoire, il est l’auteur du blog sur l’histoire de Shanghai, shanghailander.net depuis 2006.

David Maurizot est le président de la Société d’Histoire des Français de Chine. Installé en Chine depuis 20 ans, sinophone et passionné d’histoire de Chine, il est également actuellement membre du Bureau de la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Chine.

L’Université l’Aurore (1903-1952)

Une université chinoise, catholique et française
Par Yi Ren
Lundi 6 mars 2023
A partir de 18h30
L’Université l’Aurore, première université catholique en Chine a été créée par le père chinois MA Xiangbo et les jésuites français à Shanghai en 1903.
Après avoir retracé l’histoire de la création de l’Université et les conflits qui conduisirent à sa scission, la conférence se focalisera sur un questionnement attentif à l’insertion sociale et intellectuelle de l’établissement, à son fonctionnement interne, sa pédagogie, ses pratiques savantes et à son dialogue avec les diverses communautés.
L’histoire de L’Université l’Aurore nous renvoie à l’expansion européenne en Asie orientale, sous une forme qui ne fut pas exactement celle de la colonisation. Son parcours a démontré les interactions religieuses entre l’Europe et le monde chinois, ainsi que la modernité chinoise en fonction d’objectifs hétérogènes.
Ren Yi est professeure associée au département d’histoire de l’Université Jiao Tong de Shanghai. Titulaire d’un doctorat en économie sociale de l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales, elle concentre ses recherches sur l’échange scientifique et culturel sino-français (XIXe – XXe siècle) ainsi que sur l’histoire économique de la Chine contemporaine. Elle a dirigé plusieurs projets de recherche financés par le Fonds National chinois des Sciences Sociales, la Municipalité de Shanghai ainsi que le Ministère français des affaires étrangères et a publié une vingtaine d’articles en chinois, français et anglais dans des revues académiques de grande réputation (SSCI, A&HCI, CSSCI). Spécialiste de l’histoire des relations entre la France et la ville de Shanghai, Ren Yi contribue par son travail d’enseignement et de recherche à renforcer les liens de la longue histoire qui unissent la région du Delta du Yangzi et la France.

Un siècle de bande dessinée chinoise

Née à Shanghai, dans le tourbillon artistique et créatif des années 1920, la bande dessinée en Chine a connu un développement exceptionnel des années 1950 aux années 1980 où elle est utilisée pour alphabétiser et unifier culturellement la population. Tous les enfants grandissent alors en se plongeant avec passion dans ces petits livres aux formats oblongs qui tiennent dans la paume de la main.
Dans cette conférence, on expliquera les origines nationales et les influences étrangères de la bande dessinée chinoise. On montrera l’évolution graphique et thématique de ses deux branches majeures, le manhua et le lianhuanhua, en parallèle avec l’histoire du pays et en suivant la carrière de quelques auteurs célèbres. On fera enfin le point sur sa situation actuelle.
Yohan Radomski est professeur de français à l’université Jiaotong de Shanghai. Homme du livre, il a travaillé à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême, a dirigé la librairie française de Shanghai L’Arbre du Voyageur et a coopéré avec les Éditions de la Cerise pour la publication d’auteurs chinois en France : Au Pays du Cerf Blanc de Li Zhiwu, Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes de Dai Dunbang, Souvenirs de Hulan He de Hou Guoliang. En 2022, il est commissaire d’une exposition sur l’art de la bande dessinée au Shanghai Culture Square : Drawing Shanghai.

Comment lire les classiques chinois ?

Comment les lire pour eux-mêmes, mais aussi avec les questions qui sont nôtres ?

Cette conférence introduira la production textuelle chinoise antique, jusqu’à la fin de la dynastie Han. Elle montrera l’unité de ce massif textuel, construite autour d’une appréhension réflexive de nos expériences, et détaillera les débats qui le traversent, lesquels restent largement les nôtres : le marquage de nos identités; la manière dont se construit et se conteste l’ordre politique; la maîtrise et le partage du langage.

Benoît Vermander est professeur à l’Université Fudan (Shanghai) où il enseigne l’anthropologie religieuse et l’herméneutique des classiques chinois. Dans ses publications, il s’essaie à penser la façon dont les sociétés, les religions et les cultures construisent et croisent leurs mémoires, leurs textes et leurs rituels. Il a récemment publié L’Homme et le grain (avec Alain Bonjeann Les Belles Lettres, 2021) et Comment lire les classiques chinois ? (Les Belles Lettres, 2022).

Les mémoires concernant les Chinois

Les “Mémoires Concernant les Chinois” est un recueil de plus de 8000 pages, publié en 17 volumes entre la fin du 18ème siècle et le début du 19ème siècle. Cette œuvre majeure a contribué à changer la perception des Français et des occidentaux sur la Chine. Une grande partie des écrits contenus dans ce recueil a été rédigée par Pierre Martial Cibot et Jean-Joseph-Marie Amiot. Cette collection est née de l’échange épistolaire entre la communauté jésuite de la mission française de Pékin (qui comptait plusieurs jésuites Chinois) et Versailles.

Grâce à ces hommes, la vielle marotte pour les choses étranges de la Chine de Madame de Pompadour s’estompa (…) pour faire place au savoir que nous apprécions jusqu’à nos jours.

Michel Henri Kowalewicz.
L’image de la chine dans la France des lumières (2017)

Laurent Cibot vit et travaille en Chine depuis près de 20 ans. Il débute sa carrière à la Mission Économique de l’Ambassade de France à Pékin; détaché à la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine.
Il fonde ensuite une société qu’il cède en 2008 pour aller monter le bureau de la Coopération Pharmaceutique à Shanghai. Il y conseillera des marques francaises dans le domaine des produits de pharmacie.
Depuis 2022, il est CEO de Legacy Beauty qui commercialise du parfum. Son premier livre Dans l’ombre du fils du ciel, biographie de son ancêtre Pierre Martial Cibot, été publié en juin 2022 aux éditions de la Route de la Soie.

1991, la renaissance de Shanghai

Dans les années 90, Shanghai fut le siège d’une transformation urbaine qui changea de façon considérable le paysage de la ville. Les grands chantiers se multipliaient, l’expansion urbaine franchissait le Huangpu, les réseaux de transport se développaient, les investisseurs internationaux affluaient…
Au milieu de ces bouleversements, la vie quotidienne des Shanghaïens continua, non sans-heurt, confrontée à une évolution de ses modes de vie et à une société urbaine en mutation.
Parcourant la ville à vélo, armé de son appareil photo, Wu Liqiang capturera des moments authentiques de cette vie d’alors. Accompagné de Li Song, il nous présentera ses photographies et nous racontera leur histoire, qui restent le reflet des souvenirs enfouis de la ville, ainsi qu’un puissant témoignage de son développement.
Wu Liqiang est à la fois journaliste photographe, éditeur, producteur de télévision et artiste. Originaire de Shanghai, il a été le spectateur de l’incroyable développement urbain de Shanghai dans les années 1990.
Li Song est passionné par la France. Depuis 2017, il présente « Chroniques d’un débridé », son spectacle humoristique. Puis il crée en 2020 « Le Journal du débridé », afin de faire découvrir la Chine et la culture chinoise auprès du public français, de manière insolite et ludique. Consultant, agent littéraire et directeur de la Galerie XII à Shanghai, il est aussi interprète et maître de cérémonie pour des marques de luxe françaises, des institutions et des entreprises internationales.

Tianjin, Vestiges et témoignages d’une histoire singulière

Arpenter les rues de Tianjin, c’est replonger plus de cent ans en arrière, à une époque où coexistaient de multiples nationalités qui ont façonné une partie de la ville en lui conférant une identité architecturale unique et composite.
Tout en retraçant les principales étapes de l’histoire de cette ville, cette conférence explorera certains éléments de ce patrimoine singulier, souvent associé au quartier touristique des « cinq avenues » qui n’en recouvre qu’une partie.
À travers la présentation de certain épisodes historiques et personnalités marquantes, le tout émaillé de quelques anecdotes. nous partirons à la découverte de plusieurs lieux emblématiques, tels que des parcs, des églises, d’anciennes résidences ou municipalités étrangères.

Nous nous intéresserons à l’histoire et aux caractéristiques architecturales de ces vestiges d’un passé encore trop méconnu.

Fleur Chabaille-Wang est actuellement maître de conférences à l’Université des langues étrangères de Beijing (BESU).
Docteure en histoire (Université Lyon Institut d’Asie orientale) et spécialisée dans l’histoire urbaine de la Chine moderne et contemporaine, ses recherches portent sur l’histoire de Tianjin, Shanghai et Hankou.